vendredi 25 mai 2012


Marie au Concile Vatican II

(au sanctuaire de Talence, le 20 Mai 2012)
Il y a quinze jours nous avons contemplé Marie recevant son Fils crucifié dans ses bras. Dans sa tendresse maternelle pointe lespérance car Marie unit son regard au regard re-suscitant du Père. Dans le visage du Crucifié, regardé avec tant d'amour, visiblement par Marie et invisiblement par le Père, se dessine donc déjà le visage du Ressuscité. Et c'est chacun de nous qui se sent appelé à se laisser saisir, dans sa fragilité librement consentie, par le regard re-suscitant du Père, dont l'écho visible, dans ce temps prépascal où nous cheminons encore, est le regard plein d'amour de Marie.
Il y a huit jours nous avons rappelé qu'en Christ, passant par la mort et la Résurrection, c'est la création toute entière qui "gémit dans les douleurs de l'enfantement attendant la Révélation des Fils de Dieu" (Rm 8). Nous unissant au regard de Marie, écho donc du regard du Père, notre prière d'intersession embrasse ce qu'embrasse la Pâque du Seigneur..., le devenir social et cosmique de lunivers.
Aujourd'hui contemplons en Marie regardant le Crucifié le jaillissement de l'Église en faisant écho à l'enseignement du Concile Vatican II.

I Le Concile Vatican II, un Concile ecclésiologique

Vatican II est avant tout un Concile ecclésiologique, cest-à-dire qui approfondit le mystère de lEglise. On venait de vivre une époque de vifs conflits entre lEglise et le monde environnant à la suite de la Révolution Française. On vivait dans une certaine arrogance du développement technique, scientifique, social dont on voulait croire quil apporterait félicité et bonheur. Mais apparaissaient les signes précurseurs dun désenchantement.
Et lEglise se sentait appelé à ne plus se comprendre face au monde mais dans le monde dont elle sentait leuphorie du progrès s’épuiser. Elle sentait devoir se comprendre en fonction de la Mission que lui confiait le Christ et non plus en réaction par rapport à un environnement hostile.
Et lEglise a relativisé sa dimension institutionnelle, cest-à-dire la mise en relation avec son mystère plus profond. La Constitution Dogmatique LUMEN GENTIUM aborde le mystère de lEglise dabord comme Peuple de Dieu, Corps du Christ, Temple de lEsprit, avant de réfléchir à sa structuration institutionnelle hiérarchique.
Cest donc sans difficulté que lappel universel à la sainteté est compris comme la vocation de tous. Et Marie, la première dans la hiérarchie de sainteté, mais non dans la hiérarchie de service où cest Pierre qui est le premier, Marie, donc, est logiquement présentée comme larchétype de lEglise, son modèle.

II Le Concile Vatican II, un Concile compatissant

Or cest en se faisant la voix des sans voix, en se proclamant solidaire dabord des pauvres et de ceux qui souffrent que lEglise cesse de se comprendre dabord face à un monde hostile pour se comprendre dans un monde, non point sympathique ou antipathique, mais traversé par le combat spirituel qui traverse chacun de nous, qui traverse lEglise, qui traverse ce monde et qui a sa source dans le Cœur de Jésus, Lui qui a été tenté et au Désert et à Gethsémani.
Cest ainsi que les premiers mots de la Constitution Pastorale GAUDIUM ET SPES disent : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »

III Le Concile Vatican II, un Concile marial

Jose donc dire que les Pietas, dont lessor, nous lavons dit il y a quinze jours, date dil y a six à sept siècles, peuvent être lues comme prémonitoires de Vatican II.
Le Pape Paul VI, le 7 décembre 1965, jour de la clôture du Concile Vatican II en a ressaisi le dynamisme profond en disant : « L'humanisme laïque et profane enfin est apparu dans sa terrible stature et a, en un certain sens, défié le Concile. La religion du Dieu qui s'est fait homme s'est rencontrée avec la religion (car c'en est une) de l'homme qui se fait Dieu. Qu'est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver ; mais cela n'a pas eu lieu. La vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes pour les hommes l'a envahi tout entier. La découverte et l'étude des besoins humains (et ils sont d'autant plus grands que le fils de la terre se fait plus grand), a absorbé l'attention de notre Synode. Reconnaissez-lui au moins ce mérite, vous, humanistes modernes, qui renoncez à la transcendance des choses suprêmes, et sachez reconnaître notre nouvel humanisme : nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l'homme. . » http://docs.leforumcatholique.org/src/DOCUFCNUM7.html
Cest par la Parabole du Bon Samaritain que le Pape Paul VI caractérise lattitude de fond du Concile Vatican II. Il y a plusieurs lectures possibles de cette Parabole. On peut faire de Jésus (ou ici de lEglise) le Bon Samaritain et de lhomme pécheur (ici lhomme moderne) le Blessé sur le bord de la route.
Mais on peut aussi faire de Jésus le Blessé sur le bord du chemin et de chacun de nous, et de lEglise, et de Marie, le Bon Samaritain. Cette seconde lecture coïncide avec la figure des Pietas. Elle nous fait comprendre en quoi nous ne sommes pas seulement bénéficiaires de la grâce salvatrice de Jésus mais associés au don de cette grâce.
Nest-ce pas là le mystère le plus profond de Marie.
P. Arnaud de VAUJUAS, curé

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